D’autres titres moins connus tels que Koss Corporation ou encore GameStop, ont eux aussi fait l’actualité grâce à leurs progressions spectaculaires. Ce phénomène n’a pas manqué d’attirer l’attention des investisseurs soucieux de profiter de la volatilité extraordinaire qu’offrent les actions mèmes.
Mais comment reconnaître une action même ? Et quelles stratégies utiliser pour investir dans ces produits inhabituels ? Si vous cherchez un courtier pour trader les actions mèmes, cliquez ici.
Actions mèmes
Définition
Les actions mèmes sont en général des titres ciblés par des investisseurs institutionnels. Il s’agit souvent de fonds spéculatifs qui parient sur la chute du cours de ces titres en vendant un grand nombre de ces actions à découvert (short selling). Mais ces titres ne deviennent vraiment des actions mèmes que lorsque des investisseurs individuels se mettent d’accord pour acheter ces actions et créer un short squeeze.
Il y a short squeeze lorsque le prix d’un titre sur lequel de nombreux short sellers sont passés courts augmente et force ces derniers à fermer leurs positions pour limiter leurs pertes. Or, fermer une position courte (short), c’est racheter les actions vendues sur cette position. En rachetant les actions de leur position, les short sellers renforcent la pression haussière qui s’exerce sur le cours du titre concerné. Cette pression haussière est alors si forte qu’elle propulse le prix du titre vers les sommets.
Les caractéristiques des actions mèmes
Une position courte élevée
Mais comment distinguer les actions mèmes ? Elles se caractérisent par une position courte élevée. La position courte d’un titre quelconque, c’est le nombre d’actions courtes (short) qui, sur le marché de ce titre, n’ont pas encore été rachetées. Si, sur le marché de tel ou tel titre, la position courte représente moins de 10 % du nombre total des actions échangeables (float), c’est généralement le signe que le sentiment est haussier. Si la position courte représente plus de 10% du float, c’est au contraire le signe que le sentiment est baissier.
Volatilité implicite supérieure à 100%
Les actions mèmes se caractérisent par une forte volatilité implicite. Car les marchés anticipent des mouvements violents sur ces marchés à très court, court et moyen terme. Ainsi, si l’on se penche sur la volatilité implicite d’une action mème au cours des périodes correspondant aux prochains cycles d’expiration de ses options, on observera souvent qu’elle dépasse ou approche des 100 %.
La plateforme de trading TWS vous permet de connaître la volatilité implicite d’un actif au cours des prochains cycles d’expiration de ses options. Cliquez sur ‘Nouvelle fenêtre’. Tapez « volatilité » dans la zone de recherche qui apparaît et sélectionnez ‘Volatilité implicite par expiration’. Une fenêtre semblable à celle figurant ci-dessous apparaîtra. Dans cette fenêtre, les trois courbes représentent la volatilité implicite propre aux trois cycles d’expiration immédiats du titre GameStop (GME). La volatilité implicite du cycle de juin s’élève à 307,1 %, celle de juillet à 235,4 % et celle d’août à 205,8 % ! Ces trois pourcentages, en tant qu’ils sont supérieurs à 100 %, sont caractéristiques d’une action même. La raison de cette forte volatilité implicite ? Un post de Keith Gill, le trader qui a inspiré le short squeeze de 2021 qui avait permis à l’action GameStop de s’envoler. Le 6 juin 2024, le même trader a posté sur X une photo de ce qui semble être son portefeuille et où on peut voir une position comportant 5 millions de parts de l’action GameStop !
Call skew
Les options qui ont une action mème pour sous-jacent ont tendance à présenter une asymétrie qu’on appelle le call skew. De manière générale, le skew représente la différence entre la prime des puts hors de la monnaie et celle des calls hors de la monnaie qui sont séparés par la même distance du prix du sous-jacent. Si, par exemple, les calls qui sont 5 points hors de la monnaie coûtent plus cher que les puts qui sont 5 points hors de la monnaie, on a affaire à un call skew.
Le fait que la volatilité implicite d’une action mème soit supérieure à 100 % exprime cette asymétrie. Une volatilité implicite supérieure à 100 % signifie en effet que le potentiel de hausse du cours est perçu comme supérieur au potentiel de baisse. Une action qui s’effondre pour ne valoir plus rien ne perd en effet que 100 % de sa valeur. Si le marché estime que le cours d’une action peut varier de plus de 100 %, c’est donc qu’il estime possible un scénario où ce cours serait multiplié par deux ou plus. La valeur supérieure des calls par rapport aux puts équidistants ne fait que refléter cette perception d’un fort potentiel de hausse.
Stratégies
Acheter des parts d’une action mème
Une bonne façon de profiter de la volatilité de titres tels que Robinhood Markets ou Koss Corporation consiste à acheter des actions. En achetant des actions, on bénéfice de gains potentiels illimités puisqu’il n’y a pas de limite à la hausse d’un instrument financier de ce type. En revanche, on évitera de passer court sur de tels marchés si on veut être prudent. Des titres tels que AMC Entertainment ou GameStop, ont vu leurs cours doubler, voire tripler, à plusieurs reprises. On s’exposerait donc à de lourdes pertes si on vendait ces titres à découvert.
L’achat est certes moins risqué que la vente à découvert dans le cas présent. Mais il convient de prendre ses précautions lorsqu’on achète des parts d’une action mème. La grande volatilité de ces actifs signifie qu’on peut être confronté, après l’entrée sur le marché, non pas à une hausse spectaculaire, mais à une baisse spectaculaire. Veillez donc à ce que le risque associé à votre position ne dépasse pas 2 % de votre capital, conformément aux règles élémentaires de la gestion du risque. Utilisez un ordre stop-loss pour vous assurer, autant que possible, de ne pas essuyer une lourde perte.
Stratégies impliquant des options
Options couvertes
Pour se protéger contre une chute brutale du cours, on peut associer à sa position longue impliquant des actions une position courte impliquant l’émission d’une ou plusieurs options d’achat (calls) ayant le même titre pour sous-jacent. Ce qui ne vous empêche pas d’utiliser un ordre stop-loss pour plus de sûreté. Si vous faites en sorte que le nombre de calls vendus équivaille au nombre d’actions que vous avez achetées (une option contrôle 100 actions), vous aurez alors dans votre portefeuille un « covered call ».
Grâce au call skew et à la volatilité implicite élevée du sous-jacent, la prime du ou des calls que vous vendrez ainsi sera élevée. Et cette forte somme empochée réduira le risque que vous feront courir vos actions. Prenons un exemple. Vous achetez 100 actions du titre AMC Entertainment à 5 $ l’action et vendez un call à la monnaie (de strike 5) à 1 $, vous pourrez retrancher 100 $ de votre risque :
Perte potentielle = (100 x 5) – 100 = 400 $
Attention : le covered call présente l’inconvénient de limiter les profits que vous pourrez faire grâce à votre trade. Votre position impliquant des actions, prise isolément, vous permettrait d’espérer des gains potentiels illimités. Mais, en vendant un call, vous ne pouvez espérer gagner qu’une somme définie. Si vous achetez 100 actions et vendez un call de strike supérieur au prix d’achat des actions, votre profit maximum s’élève à :
Profit potentiel = [(strike du call – prix d’achat des actions) x 100] + prime du call
Options seules
Vous pouvez également négocier des options sans acheter ni vendre des actions. Les options présentent différentes stratégies vous permettant de profiter des avantages offerts par les actions mèmes. Nous avons vu que ces titres présentent forte volatilité. Il est donc recommandé ici d’utiliser des stratégies où la perte potentielle est déterminée. Lorsqu’on négocie des options ayant une action mème pour sous-jacent, on préférera négocier un spread. Et on évitera de vendre des options non couvertes. On évitera par exemple l’émission d’options calls non couvertes ou la vente d’un strangle.
Profiter du call skew
Pour profiter du call skew, on peut acheter un call spread à la monnaie. Dans cette stratégie, on achète un call légèrement dans la monnaie et on vend un call hors de la monnaie. En achetant un call dont la valeur temps est semblable à celui du put de même strike, on achète une option bon marché. Puisque la valeur temps est moins élevée du côté des puts en raison du call skew. Et on vend un call dont la valeur temps est élevée, pour la même raison.
On peut également vendre un bull put spread à la monnaie. Cette stratégie consiste à vendre le premier strike disponible dans la monnaie et à acheter un put hors de la monnaie. En vendant un put légèrement dans la monnaie, et non hors de la monnaie, on réduit sa probabilité de profits. Mais on profite pleinement du call skew. Car la valeur temps de ce put est semblable à celle du call de même strike. Quant au put qu’on achète hors de la monnaie pour définir son risque, il est bon marché. En effet, sa valeur temps est faible. Le call skew signifie précisément que, à mesure qu’on s’éloigne de la monnaie, la valeur temps diminue plus vite du côté des puts.
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